Titre :  38 TEMOINS
Sous-Titre : A acheter pour garder les conscience en éveil
Durée : 1h44
Nationalité : France, Belgique
Réalisateur : Lucas Belvaux
Casting : Yvan Attal, Sophie Quinton, Nicole Garcia
Année de production : 2012
Éditeur Vidéo : Diaphana Vidéo
Description : DVD et Blu-Ray
Bonus : Rencontre avec Lucas Belvaux (17′) / Bandes-annonces

critique :

Au Havre, la mer et le gigantisme des bateaux se prolonge dans l’industrialisme des docks et l’encastrement coloré des containers avant de se rétrécir dans les couloirs bétonnés d’avenues désertes. Les cornes de brume résonnent du fracas des vagues et quand un cri inhumain retentit sous les colonnes de granit, la profondeur de la nuit l’engloutit. Inaudible cet appel déchirant à l’autre ; inavouable ce refus d’écoute à une femme violée.

Alors, quand un pilote raconte ce cauchemar nié à sa compagne, quand il le clame à la police, à l’unanimité l’aveu est refusé et l’innocent trop honnête condamné par 38 complices de ce silence. Pour analyser ce questionnement entre responsabilité et lâcheté, le réalisateur mêle successivement le face à face d’un couple (dont la femme est prisonnière de la vérité en condamnant l’omission au détriment du partage), le rapport du voisinage accusateur (pour protéger son bien-être égoïste en négligeant la solidarité), celui de la justice (policiers et procureur peu enclins à l’exercice de leurs fonctions) et enfin d’une journaliste (appliquant la règle déontologique de l’information). Les prises de conscience alternent entre les lieux clos négatifs (appartements ou bureaux d’interrogatoires) et les plages de galets et quais (espaces d’espoirs et de liberté), les décors intégrant les conflits pour créer une atmosphère étouffante qui culminera par la reconstitution du crime, reflet de la culpabilité de tous.

Cette adaptation du roman de Didier Decoin “Est-ce ainsi que les femmes meurent ?”, repris d’un fait-divers new-yorkais des années 60, n’échappe pas toujours à la théâtralité que pose tout débat sur l’engagement. Mais cette réflexion, autant sociologique que psychologique, portée avec talent par Sophie Quinton et Yvan Attal, s’inscrit avec rigueur dans l’architecture d’Auguste Perret comme un thriller de qualité dans la lignée des réalisations de Lucas Belvaux.