Titre: BORGO

Sous-titre: Prison, conspirations et fiction

Durée: 1h58’

Nationalité: France

Réalisateur: Stéphane Demoustier

Casting: Hafsia Herzi, Moussa Mansaly, Louis Memmi, Michel Fau, Pablo Pauly

Distribution : Le Pacte

Année de production: 2023

Récompense : Festival Reims/Polar : Prix du jury

Critique:

A Borgo, le centre pénitentiaire de Bastia au statut privilégié d’une unité spécifique de « milieu ouvert », les prisonniers surveilleraient leurs gardiens ? Rien n’est moins sûr pour la nouvelle matonne débarquée du continent rétive à cette interprétation jusqu’à ce qu’elle y succombe ou non ?  Une question entre la réalité des clans, leurs pouvoirs, clientélisme, corruption et conflits d’intérêts érigés en système local et la fiction d’une emprise dédoublée en intrigue intime qu’Hafsia Herzi porte avec sa maîtrise mutique.

Seul le futur procès (été 2024) du double assassinat de Poretta résoudra le mystère absolu d’une culpabilité innocente ou inversement dans et hors murs d’une île aux propres codes et règles qui inspire Stéphane Demoustier (déjà sensible à l’innocence dans « La fille au bracelet »).

Titre: L’ILE

Sous-titre: Double utopie

Durée: 1h13’

Nationalité: France

Réalisateur: Damien Manivel

Casting: Rosa Berder, Olga Milshtein

Distribution : La Traverse

Année de production: 2023

Récompense : FID Marseille : Prix Georges de Beauregard

Critique:

Une bande d’ados se retrouvent sur une plage bretonne en fin de vacances et à la veille du départ de l’une d’elles vers un avenir au loin.

Une voix off dirige ces images tournées en plan séquence d’un film en cours, entrecoupé de croquis et story-boards, répétitions et improvisations chorégraphiques de rochers en studio. Une alternance ponctuée hors champ par les conseils du réalisateur, mots et cris des dialogues, sons des vagues et musique originale d’un projet dont les difficultés de financements ont bloqué l’accomplissement. De cet empêchement Damien Manivel a extrait une œuvre mettant en valeur le cinéma, des sources de l’imaginaire à son écriture scénaristique, transcription en plans, choix des décors, direction et interprétation des acteurs, montage des éléments pour rendre à cette expérience sa force de création.

Titre: HOPELESS

Sous-titre: Thriller noir et frissons coréens

Durée: 2h13′

Nationalité: Corée du Sud

Réalisateur: Kim Chang Hoo

Casting: Xa-bin Hong, Joon-ki Song, Kim Séo-hyung, Park Bo-kyung

Distribution : Bac Films

Année de production: 2023

Sélection : Festival de Cannes 2023/ Un certain Regard

Critique:

Les coups pleuvent sur cet ado au lycée, à la maison, au travail, dans les ruelles du quartier alors autant être payé pour les donner que les recevoir sans pouvoir rêver d’y échapper un jour, ailleurs. Echoué dans une bande de gangsters locaux où la misère sociale se rémunère de menaces et chantages en vols et tortures… il y fait son apprentissage du respect mafieux autant que de la cruauté jusqu’à la complicité fraternelle du désespoir.

La mise en scène décuple la violence des situations, ambitions criminelles organisées et irresponsabilité alcoolique cumulées sur un rythme soutenu d’où émerge, contrairement au titre, l’espoir d’une fuite colorée de tulipes.

Un premier film noir qui renoue talentueusement avec le cinéma coréen des années 2000.

Titre: LA MACHINE A ECRIRE et autres sources de tracas.

Documentaire / Réparations humaines

Durée: 1h20′

Nationalité: France

Réalisateur: Nicolas Philibert

Distribution : Les Films du Losange

Année de production: 2023

Critique:

Après avoir découvert la variété des problématiques psychiatriques et de leurs soins prodigués sur les rives de l’Adamant, d’avoir laissé leur place aux médecins du centre hospitalier de l’Esquirol et ses dépendances d’Averoès et Rosa Park, Nicolas Philibert aborde avec ce troisième volet le réel du quotidien par la réparation et sa symbolique au travers des objets. Des touches d’une machine à écrire restaurées pour transcrire les 2 poèmes quotidiens devenus 8000 écrits collectionnés, d’un lecteur de CD encrassés qui ne chassent plus la mort blanche du silence aux accumulations graphiques à trier pour libérer l’espace et autres interventions transférant leur mécanique à celles des pensées égarées dans leurs angoisses et offertes en partage à notre attention.

Titre: L’HOMME AUX 1000 VISAGES

Documentaire / De l’écrit à l’écran

Durée: 1h30′

Nationalité: France

Réalisatrice: Sonia Kronlund

Distribution : Pyramide Distribution

Année de production: 2023

Critique:

Il s’appelle donc tour à tour Ricardo, Alexandre, Daniel ou Richard ce chirurgien, photographe, ingénieur ou policier, brésilien, argentin ou portugais tandis qu’elles restent anonymes ces femmes brésiliennes, françaises ou polonaises qui l’ont aimé en même temps qu’il se jouait de leurs illusions. En contrepoint du mythomane professionnel en fuite de lui-même tournoient ses proies et leurs doutes, hontes, colère, rage devenues images après les mots de l’enquêtrice, toutes vengeances assumées et pour compenser leurs souffrances.

L’homme aux mille visages- Sonia Kronlund – Editions Grasset – 2024

Titre: MARIN DES MONTAGNES

Documentaire / Retour aux racines

Durée: 1h35′

Nationalités: Brésil/France/Algérie

Réalisateur: Karim Aïnouz

Distribution : Les films des Deux Rives

Année de production: 2021

Sélection : Festival de Cannes 2021/ section Séance spéciale

Critique:

Cinéaste expérimental brésilien reconnu Karim Aïnouz revient dans la Kabylie que ses parents ont quittée avant même sa naissance en quête de l’identité dont l’exil l’a privé.

Le voyage initiatique d’un quinquagénaire jouant de sa maîtrise technique par un faux amateurisme de prise de vues et plans décadrées, de musiques traditionnelles décalées, d’interviews figées pour transposer la perte de ses racines en expérience audiovisuelle. Si l’espoir révolutionnaire paternel s’est égaré dans le reniement de sa terre et l’abandon familial, sa transmission se perd dans une mélancolie désabusée.

Titre: L’ILE SANS FIN

Documentaire / Regards virtuels

Durée: 1h36′

Nationalité: France

Réalisateurs: Ekiem Barbier, Guilhem Causse, Quentin l’Helgouac’h

Distribution : Norte distribution

Année de production: 2023

Récompenses : Festival de Yamagata : Prix du Jury + Visions du Réel Suisse : Prix FIPRESCI + Prix Burning Lights

Critique:

Avatars virtuels du jeu DayZ, des documentaristes pénètrent le monde futur d’une communauté survivaliste d’anarchistes, tueurs et cannibales, libérés de toutes contingences réelles.

Une captation d’images et 963 heures de rushes pour illustrer les formes de jeu vidéo, questionner leur investissement entre imaginaire et réalité.

Titre: LE MAL N’EXISTE PAS

Sous-titre: La nature et les hommes

Durée: 1h46′

Nationalité: Japon

Réalisateur: Ryusuke Hamaguchi

Casting: Hitoshi Omoka, Ryo Nishikawa, Ayaka Shibutani, Ryûji Kosaka

Distribution : Diaphana Distribution

Année de production: 2023

Récompense : Mostra 2023 Grand Prix /Lion d’Argent.

Sélections : Festival de Rotterdam + Festival de Toronto

Critique:

Les cimes de pins rouges et mélèzes noirs, de leurs écorces rongées par les cerfs nous accompagnent au pied des sommets enneigés qu’un projet d’investissement touristique menace. La ruralité d’habitants paisibles, se partage-t-elle avec les désirs citadins de nature ou leurs mondes s’opposent-ils irrémédiablement ? Rendement économique, amont et aval d’un cours d’eau, chasse et faons brouillent les raisons existentielles de chacun, d’une fillette fugueuse et son père rêveur, de tokyoïtes indécis et investisseurs toxiques.

Une fable aux images somptueuses où la terre et le travail entremêlent sérénité et prise de conscience en un affrontement final onirique en écho à l’harmonie musicale d’Eiko Ishibashi.

Titre: ROSALIE

Sous-titre: Histoire de cœurs

Durée: 1h55’

Nationalité: France

Réalisatrice: Stéphanie Di Giusto

Casting: Nadia Tereszkiewicz, Benoît Magimel, Benjamin Biolay, Guillaume Gouix

Distribution : Gaumont

Année de production: 2023

Sélection : Cannes 2023 /Un Certain Regard

Critique:

Mariée contre monnaie sonnante et trébuchante cette jeune fille à la pilosité débordante décide pour garder son mari horrifié mais endetté de négocier sa différence en l’exhibant derrière le comptoir de son bar. C’était le temps des cirques et des foires mais aussi celui des déboires face aux peurs et aigreurs de voyeurs inversant la monstruosité.

Nadia Tereszkiewicz illumine ce livre d’images rurales cruelles, Benoît Magimel l’attendrit et ensemble ils honorent le souvenir de Clémentine Delait qui sut transgresser son handicap avec force et succès pour devenir « la fée à barbe de Thaon-les-Vosges » en dépassant les genres par sa féminité triomphante.

Titre: PAR-DELA LES MONTAGNES

Sous-titre: Road-movie magique

Durée: 1h38’

Nationalités: Tunisie/ France/ Belgique/ Italie/ Arabie Saoudite/ Qatar

Réalisateur: Mohamed Ben Attia

Casting: Majd Mastoura, Walid Bouchioua, Samer Bisharat, Helmi Dridi

Distribution : Kinovista

Année de production: 2023

Sélections 2023 : Mostra de Venise/section Orizzonti + Festival international du film de la Mer Rouge

Récompenses : FFAF Festival du Film Arabe Fameck : Prix de la presse + Festival du Film Africain de Louxor : Prix du Jury & Meilleure interprétation Madj Mastoura

Critique:

Une fable d’envols au-dessus des précipices de la société, ses contingences familiales, ses illusions d’égalité, ses principes conformistes, ses extrémismes et sa violence banalisée à dépasser pour retrouver ses valeurs et parvenir à les transmettre au fil d’un imprévisible voyage entre ciel et montagnes, espoirs familiaux, crimes ordinaires et innocence pervertie. Après « Hédi un vent de liberté et Mon cher enfant »  le cinéaste nous offre une transgression poétique d’un univers devenu absurde par l’abandon d’idéologie ou d’engagement critiques au profit de l’angoisse existentielle et ses compensations matérielles.